. Une question et sa réponse
. Une explication
. Un petit mot important
Des applications.
La question : Pardonner jusqu’où ? Jusqu’à sept fois ?
Peut-être avons-nous la chance de n’en vouloir à personne, mais si nous cherchons bien n’y a-t-il pas en nous quelque rancune cachée, une sourde animosité, un « c’est bien fait » prêt à sortir quand l’autre connaît quelque échec ?… On peut penser à ce beau récit d’un ancien déporté chrétien, qui a fait tout un cheminement spirituel dans le camp de concentration, mais qui déclare à plusieurs reprises qu’il ne pardonnera jamais ce qu’on lui a fait subir. On peut penser aux victimes du 11 septembre et à ce qui a suivi, en Irak ou en Afghanistan, au Mali…
La réponse de Jésus est simple « jusqu’à 70 fois 7 fois », c’est à dire à l’infini…
Suit une explication, sous forme de parabole, l’histoire d’un roi qui pardonne à un serviteur qui lui, ne pardonne pas. Comme cet homme de dimanche dernier qui refusait de voir ses torts, malgré les interventions de ceux qui essayaient de les lui faire reconnaître, il s’exclut de lui-même de tout pardon et se met à l’écart de la communauté ecclésiale.
Il n’a pas saisi que dans les paroles du Maître il y a un mot important, l’un de ces mots très brefs qui changent tout le sens d’une phrase, c’est le mot « comme ». Comme je t’ai pardonné, tu devais pardonner toi aussi » Il s’agit donc de pardonner comme Dieu nous pardonne, de nous comporter à l’image et à la ressemblance de Dieu.
« Ayant aimé les siens qui étaient en ce monde, il les aima jusqu’au bout… »
Jean 13/1
C’est en laissant cette parole du jeudi saint prolonger son écho en nous qu’il faudrait méditer les trois lectures que nous venons d’entendre. Elles ont un but : nous aider à mieux comprendre ce qui suit, l’eucharistie au cours de laquelle Jésus nous donne sa vie en nourriture. Ces paroles sont des paroles créatrices qui nous permettent de nous construire à l’image et à la ressemblance de Dieu, d’exister vraiment, en libérant ce qui demeure en nous plus ou moins en germe.
Saint Paul, dans la seconde lecture l’expose parfaitement en rappelant le rôle de la Loi. Elle balise notre route, précise les limites à ne pas franchir. Mais nous en savons l’insuffisance si ce n’est pas l’amour qui l’inspire. Il est, lui, l’accomplissement de la Loi, la seule façon d’exister pour de bon. Au terme, Jésus nous dit qu’aimer en perfection consiste à donner, comme lui, son corps et son sang, notre propre vie. « Ma vie nul ne la prend, c’est moi qui la donne »
C’est un pouvoir qui nous est donné, que les saints, non seulement les saints patentés mais combien d’autres plus ou moins anonymes savent comment mettre en œuvre.
Dimanche dernier, nous avons appris comment, sur la route de Césarée, Jésus avait donné un nouveau nom, Pierre, à l’un des Douze, Simon fils de Jonas, non sans raison. Celui-ci venait de le nommer Christ Fils de Dieu. Or il ne pouvait pas le faire de lui-même en vérité. Seul Dieu le Père pouvait le faire, car lui seul connait le Fils. Le Père avait donc parlé en lui.
Pour Pierre, cette identité nouvelle était celle de la pierre angulaire à partir de laquelle on peut construire solidement avec d’autres pierres vivantes formant le Corps du Christ.
Désormais lui et ses amis savent d’où vient Jésus. Il vient du Père, de Dieu lui-même. Il va leur dire où il va, à Jérusalem.
Pour Pierre, c’est impossible. Partout ailleurs, même chez les samaritains, les cananéens, mais pas à Jérusalem où les scribes et les pharisiens ont décrété sa mort. Pierre s’oppose vigoureusement, mais il s’attire une réponse tout aussi cinglante : « Arrière ! Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute. Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes ! » A lui qui venait de parler au nom du Père !…