Nos trois lectures s’accordent. La seconde décrit avec vigueur les conséquences désastreuses de la volonté de domination : un univers sans paix et sans justice, régi par l’idolâtrie du pouvoir, génératrice de violence. Une violence qui s’exerce avec un acharnement particulier contre les messagers de paix. Ne prétendent-ils pas que la vérité de l’homme réside dans la décision de servir ? La première lecture décrit de façon saisissante l’hostilité des partisans de la puissance envers celui qui proclame la justice, la douceur, la patience.. Fidèle à son message il ne peut pas répondre par la violence aux coups qu’on lui porte. Tout cela est si proche des récits de la Passion. Pas de doute, nous sommes ici devant le drame central de l’humanité. Nous le retrouvons dans tous les conflits qui déchirent notre monde.
Si nous relisons l’évangile d’aujourd’hui, nous voyons que les disciples sont pris dans le mensonge du culte de la grandeur. C’est un tableau saisissant. Nous voyons sur le vif comment Jésus ne se contente pas dans son enseignement de commenter un texte. Il part de la vie, de ce qui se passe sous nos yeux.
« Tu es le Messie », dit Pierre à Jésus. Que veut-il dire ? Messie, veut dire l’homme imprégné de l’onction divine. Le mot onction est une allusion au rite du sacre royal : le prêtre versait de l’huile sur la tête du futur roi. Pourquoi de l’huile ? Parce qu’elle était censée fortifier et passait pour pénétrer les matières les plus dures. Quand la Bible parle du Messie à venir, elle évoque un personnage détenteur d’une autorité qui surpasse toutes les autres : il a un programme : restaurer la justice, établir la vérité dans un monde plein d’erreurs et de mensonges. A Pilate qui lui demande s’il est roi. Jésus répond : « Tu l’as dit, je suis roi, je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » Jean 18/37. Notons le mot « témoignage ». Il ne vient pas imposer la justice par la violence, mais simplement en se comportant selon cette justice et cette vérité. Ainsi
la liberté des hommes,
cette liberté qui les fait ressembler à Dieu,
sera respectée.
Entendre l’évangile, l’écouter, ce n’est pas écouter n’importe quelle lecture, mais c’est accueillir une parole de révélation, que nous ignorons ou que nous connaissons mal, parole mystérieuse qui s’offre à nous conduire vers plus de lumière.
« Commencement » c’est le premier mot de l’évangile de Marc, tout comme celui de toute la bible. « Une voix crie dans le désert : préparez le chemin du Seigneur ! »
Tendre l’oreille, faire un pas,
non pas seul,
mais en compagnie de tous ceux que l’on présente à Jésus, sourds, aveugles, muets, possédés
car Jésus a voulu avoir en eux comme en nous des témoins irrécusables,
tout comme l’aveugle-né qui déclarait : « j’étais aveugle, et j’y vois ! »
Si chaque dimanche, l’Église nous lit l’Écriture, ce n’est pas simplement pour nous rafraîchir la mémoire, nous livrer un récit plus ou moins nouveau, c’est d’abord pour nous inviter à faire l’expérience de la rencontre de ce Jésus qui vient à nous .