Ils l’ont attendu, désiré, espéré, ce carton d’invitation qui va leur donner accès à l’investiture ! Pas de faire part, pas d’entrée possible à la réception : vin d’honneur, repas, soirée dansante. Peu importe. L’essentiel c’est d’en être. J’y étais ; j’ai été vu ; j’ai pu trinquer ; j’ai cru à la raison d’être de ces mondanités.
Aussi quelle joie !
Parce que Cana c’est « viens et vois ». A Cana vient Jésus, vient la mère de Jésus, viennent ses disciples. Il y avait là, déjà, des serviteurs, le maitre du repas, le marié. Tiens, la mariée parait absente ! Quant aux autres invités, le récit n’en parle pas. Cana c’est « viens et vois ». Certes à des noces, il y a à voir : déjà la robe de la mariée, la décoration, le thème : campagnard, les iles, romantique. Il y a aussi les couleurs, souvent pastel. Il y a les plans des tables. Et bien d’autres éléments encore. Ici à Cana, il y a à voir ; plutôt il y a à voir qu’il y a quelque chose qui n’est pas à voir, qui révèle une situation de manque : il manque du vin. Et celui qui devrait voir cette situation de manque ne la voit pas. Alors que la mère de Jésus a su voir tout de suite ce qui manquait pour que la fête soit : l’absence de vin. Il y a aussi Jésus qui voit là, dans un coin, six jarres de pierre pour les purifications rituelles. Il y a encore les serviteurs qui eux voient que c’est bien de l’eau qu’ils ont versé dans les jarres et que c’est bien du vin qu’ils sont en train de puiser, alors que précédemment le maitre du repas, en charge de l’intendance, lui, n’avait rien su voir !
Cana, c’est donc bien « viens et vois ».
Lire la suite : Homélie 2eme TO-C - (Jn 2/1-11) - P. Henri Imbert
La porte !
Non, il ne s’agit pas de réclamer que la porte de cette église soit – fermée – ouverte -, afin que nous soit évité les courants d’air, que l’atmosphère ne se refroidisse ou que les bruits de l’extérieur ne viennent nous déranger. Non, mais dire « la porte » c’est attirer votre attention sur le fait que chacun de nous est parvenu à la place qui est la sienne parce que, d’abord, il a franchi la porte de cette église.
Dire « la porte » c’est vous rendre attentifs à ce qui va se passer cette année pour la communauté chrétienne durant laquelle, par média interposés, une porte, telle porte, 4 portes vont être mises à la une de l’actualité.
C’est Alfred de Musset qui nous a proposé cette remarque devenue proverbiale : « il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée » !
Samedi prochain, le 7 décembre, en fin d’après midi, après le discours du Président de la République, l’archevêque de Paris entreprendra le premier rite de l’ouverture renouvelée de la Cathédrale Notre Dame. Avec sa crosse épiscopale, il frappera par 3 fois les portes closes depuis 2 063 jours, ayant permis l’intervention d’innombrables corps d’état pour rendre à cet édifice incendié son aspect originel. Et à ces 3 coups frappés sur les portes, répondra de l’intérieur le psaume 121 : « quelle joie quand on m’a dit : nous irons à la maison du Seigneur. Maintenant notre marche prend fin devant tes portes, Jérusalem ».
Lire la suite : Homélie 1er dimanche Avent (Luc 21/25-28, 34-36) - P. Henri Imbert
Vous qui êtes dans la nef de cette église : ça va ? Vous voyez bien ? Il est vrai que si vous regardez devant vous, vous ne voyez que des nuques et des dos !
Vous toutes, communauté de Jouarre : ça va ? Vous voyez bien ? Il est vrai que si vous regardez devant vous, vous vous voyez, en vis-à-vis, en face à face !
Vous qui êtes dans la nef, voyez-vous bien ? Il est vrai qu’entre vous et l’abside de cette église, rien ne vient arrêter votre regard. Pas de statue de Saint Benoit : lui ce n’est pas d’abord la vue mais la parole : « Ecoute ô mon fils ». Pas de statue de Saint Henri, patron des oblats bénédictins ! Et parité oblige, pas de statue de sainte Scholastique, sœur de Saint Benoit, considérée comme la première moniale bénédictine ; pas de statue de Sainte Colette, réformatrice de l’ordre des Clarisses, après avoir été quelques temps bénédictine. Rien qui n’arrête le regard dans la nef, si ce n’est la statue de celle que nous nommons par son nom de femme – « Marie » - et que nous désignons sous le titre qui lui a été donné, reconnue sous le nom du rôle qui fut le sien « Mère de Dieu ».
Vous toutes, communauté de Jouarre, voyez-vous bien ? Oui, et vous voyez même au-delà de ce qu’il vous est donné à voir, puisqu’entre vous, lorsque vous vous voyez, vous vous donnez le titre de « sœur ». Et ensemble, souvent en conclusion d’un temps de prière, vous vous tournez vers celle qui a su dire « oui » à la parole de l’ange, alors qu’il n’y avait rien à voir. Seulement entendre l’annonce d’un signe, là bas, chez sa cousine Elisabeth, celle qui saura voir en Marie la mère de son Seigneur.