Encore une fois les prêtres et les pharisiens. Ne nous y trompons pas, ce ne sont pas seulement des personnages du passé, Ils nous représentent tous, avec leurs bons et leurs mauvais côtés. Nous sommes toujours quelque peu de leur espèce, susceptibles des mêmes travers. C’est donc pour nous que Jésus parle.
La vigne, il en est question depuis plusieurs dimanches. C‘est tout le domaine dont nous sommes responsables, ce qui nous a été confié, c’est à dire ce monde que nous avons à gérer, mais qui ne nous appartient pas. Nous sommes bel et bien maîtres de nos décisions, de nos actes, mais ce monde appartient à celui qui l’a créé, qui en est la source.
Depuis trois semaines, l’évangile nous répète que nous sommes tous débiteurs, responsables d’une vigne qui nous a été confiée pour qu’elle donne du fruit, qu’elle soit bien à l’image de Dieu qui veut notre bonheur et notre joie.
A chaque fois, la parabole nous dit que le propriétaire s’absente.
Dieu est-il absent du monde ?
Non,
c’est par nous et en nous qu’il est présent et actif dans le monde,
si toutefois nous acceptons de travailler avec lui et non contre lui.
Ces deux fils, qui représentent-ils ?
La réponse vient de nous être donnée à la fin de la parabole. Il y a d’un côté les prêtres et les anciens, et de l’autre les publicains et les prostituées. Les gens bien et les autres. Une première remarque : les uns et les autres sont présentés comme des fils, fils de Dieu, aimés par Dieu qui veut le salut de tous les hommes. On ne nous dit pas comment ils en sont venus à être ainsi étiquetés, on dit seulement qu’ils ont même origine. On comprend que les chefs des prêtres et les anciens, les gens en place, n’aient pas envie de changer et d’accueillir du nouveau. Ils ne sont pas sans mérite, mais ils en ont sans doute trop conscience et ils sont satisfaits de leurs mérites. Ils se trouvent bien tels qu’ils sont, comme ce pharisien de St Luc qui énumère ses mérites en se comparant au publicain. Nous pouvons aimer les pharisiens, nous nous retrouvons souvent en eux. C’est facile de les condamner sans balayer devant notre porte.
Mais nous avons
tous
à comprendre que
nous sommes
tous
en route vers un
ailleurs
ou un
autrement.
Parler ainsi ressemble bien à de la provocation. A quoi bon travailler plus si l’on ne peut pas gagner plus ? Comment ce qui nous apparaît comme une injustice flagrante pourrait-il ne pas nous révolter, à moins que d’entendre cet évangile chaque année finisse par nous laisser indifférent. Une énigme irritante qui ne nous empêche pas de dormir, que nous écoutons ou lisons plus ou moins distraitement. Pour des juifs qui avaient observé la Loi depuis toujours, c’était insupportable. La première lecture nous a prévenus : « mes voies ne sont pas vos voies. » Jésus nous dit que Dieu n’est pas juste, que le salaire qu’il nous donne n’a rien à voir avec la quantité ou la qualité de notre travail, nos efforts, notre petit capital de mérites.
Alors pourquoi se fatiguer ? Pourquoi faire le bien ?